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Un frère est mort et je ne le savais pas...

“Le photo-reporter originaire de Teuillac, Serge Corrieras, est décédé hier à Blaye, là ou il vivait depuis sa retraite. Personnage atypique, témoin de nombreux conflits à travers le monde, Serge Corrieras est connu au Cambodge pour y avoir réalisé son premier scoop : la photographie de Khieu Samphân, l’ancien président du régime des Khmers rouges, la tête en sang, après son lynchage évité de justesse par la foule lors de son retour à Phnom Penh le 27 novembre 1991.” C’est ainsi que commenec l’article que Cambodge Mag publiait le 18 ariil 2018 en hommage à un autre Serge… 2018 …

Corrieras à la gueule aussi grande que le coeur et à l’accent du sud-ouest qui vous envoyait un torrent de rocaille et de soleil dès qu’il ouvrait la bouche. Corrieras, je l’avais connu en 87 ou 88, pendant une campagne électorale. Il bossait pour Lyon Libération, je pigeais chez Imapress où lui-même avait fait un passage… j’étais un “bleu”, il ne se la pétait pas… on avait vite sympathisé.

“Né en Haute Gironde, à Teuillac en 1958. Serge découvre sa passion pour la photographie dans les années 1980. Alors qu’il travaille dans un bar d’Avoriaz, le jeune homme s’amuse à photographier visages, rues, et instants pour son propre plaisir jusqu’à ce qu’il soit repéré par un magasin de photos qui l’embauche. Le photographe entre ensuite à l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) à Toulouse. A partir de 1984, il travaille pour différentes agences de presse. En 1991, Corrieras part au Cambodge pour couvrir la restauration du pavillon Napoléon III du palais royal de Phnom Penh. Le voilà présent lors du retour de l’ancien dirigeant du régime des Khmers rouges. Il travaille ensuite pour l’AFP, Reuters et l’agence Sipa et quelques journaux. ”…Au début, il n’y avait que quelques photographes au Cambodge, mais très vite du monde est arrivé… on travaillait en négatif couleur pour les news et en diapositives pour le reste… Les conditions étaient correctes à Phnom Penh car on avait un labo. Mais dès qu’on se déplaçait, cela devenait plus dur…”, confiait-il au journal Sud-Ouest.

Corrieras, je l’avais retrouvé en 90 ou 91 à Perp’ - Perpignan - à l’occasion de Visa pour l’Image, c’était l’époque de l’open bar à l’Hôtel Pams, des soirées où l’on se glissait sans invitation et des nuits dans les bodegas, après les projections… Accompagné de deux autres agenciers, Robert D. de Sipa et Celik E de Gamma, je trainais dans les rues de la ville, en quête d’un bar où écluser une dernière bière avant de rejoindre notre chambre d’hôtel. Le videur venait de nous refouler d’une bodega : “C’est une soirée privée, messieurs…” et nous commenecions bien évidemment à protester quand un énorme “Ho, p… les lyonnais, tu les laisses entrer !” avait explosé. L’amitié et la fraternité des “armes” selon Serge.

La nuit avait été longue et alcoolisée…

On s’était retrouvés des années plus tard sur Myspace - un réseau social que l’on regrette aujourd’hui - et l’on avait échangé un temps. Et puis on s’était de nouveau perdus de vue.

Pourquoi ai-je pensé à lui ce dimanche matin de mai ? Peut-être parce que je suis plongé depuis des semaines dans mes archives… et voilà ce fichu papier dans un magazine cambodgien francophone, confirmé - le Net est sans pitié - par un avis de décès publié sur un site mémoriel. Merde, Serge n’est plus là, toujours des notres, mais plus là, plus jamais je ne croiserai ses moustagne de mousquetaire ni n’entendrai résonner son rire… un copain est parti, non seulement le monde s’en fiche mais je l’ignorais.

Salud, Sergio, salud y fraternidad ! Je n’oublierai pas le chat noir (de la CNT) qui était l’emblème de ton bar à Pnomh Pen, ni le beau mec que tu étais !

serge mouraret